Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a organisé, mardi à Conakry, une nouvelle manifestation contre un 3ème mandat du président Alpha Condé, malgré une rencontre avec les émissaires du National democratic institute (NDI) dirigés par les anciens présidents Goodluck Jonathan du Nigeria et Nicéphore Soglo du Bénin.
Du rondpoint de la Tannerie (commune de Matoto) à l’esplanade du stade du 28 septembre (commune de Dixinn), en passant par le carrefour Concasseur (commune de Ratoma), les opposants à un troisième mandat d’Alpha Condé, s’étaient massivement mobilisés. Vêtus pour la plupart de T-shirts rouges, les manifestants scandaient des slogans hostiles au régime en place.
Parmi eux, Madjoula Diallo tient une pancarte sur laquelle on peut lire : « A bas une nouvelle constitution », « Vive l’alternance », « Alpha dégage ». Diallo dit être déterminé à se battre pour l’alternance en 2020. « On ne va pas baisser les bras tant que le président Alpha Condé n’enterre pas son projet de troisième mandat. On va s’opposer à ce projet jusqu’à la victoire finale », promet-il.
Des véhicules transportant la sonorisation font passer en boucle les chansons « Quitte le pouvoir », « Mon pays va mal », « Alpha Condé devient fou »de l’artiste Tiken Jah Fakoly dopent le rythme des marcheurs.
« Ce combat est africain, ce n’est pas seulement pour la Guinée. Donc nous demandons le soutien de tous les peuples frères de l’Afrique du monde pour dire non au
Professeur Condé », lance Ibrahima Sory Cissé, un autre manifestant.
Du haut de leurs capots, les leaders du FNDC qui réunit société civile et acteurs politiques haranguent la foule, visiblement satisfaits de la mobilisation.
Mais peu avant le départ de la marche, les leaders de l’opposition à leur tête Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) avaient rencontré les émissaires du National democratic institute (NDI), dirigé par les anciens présidents Goodluck Jonathan du Nigeria et Nicéphore Soglo du Bénin.
Pour le chef de file de l’opposition guinéenne, la présence de ces deux anciens chefs d’Etats devait inspirer Alpha Condé. « Par leur présence, ils prouvent qu’après la présidence, il y a une vie, on a des honneurs, on a de la considération et on a des responsabilités qui sont très exaltantes », a dit Cellou Dalein.
Revenant sur le but de cette rencontre, le leader de l’UFDG a indiqué que ses collègues et lui ont fait part de leurs préoccupations, mais aussi des divergences qui existent entre le pouvoir et l’opposition portant notamment sur le non achèvement du processus des élections locales, la mauvaise organisation des élections et l’affaire du 3e mandat.
Toutefois, il s’est dit optimiste quant aux attentes de l’opposition à l’issue de cette série de rencontres entre la délégation du NDI et les acteurs politiques guinéens.
« Ce sont des oreilles très attentives et je pense qu’ils ne sont pas là seulement en leur noms Ils sont là au nom d’une bonne partie de la communauté internationale et je pense qu’après avoir pris un peu connaissance de la lecture que chacun fait de la situation, ils ne manqueront pas de nous faire des propositions », a souhaité le président de l’UFDG.
Depuis la tenue des élections communales en février 2018, la Guinée traverse une crise due à la non-installation des chefs de quartiers et de districts. A cela s’ajoutent les élections législatives qui devaient se tenir en 2019, mais reportées au 16 février 2020.
Mais la question de l’adoption d’une nouvelle constitution devant permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat est venue accentuer la crise politique. Cela a poussé le FNDC à plusieurs manifestations qui font fait une vingtaine de morts.
APAnews.com