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Dans un entretien accordé à nos conférés d’Espace Fm  le lundi, 18 mai 2020, Me Mohamed TRAORE bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Guinée, persiste et signe que l’ancien président de la CENI, Me Salif Kébé n’a jamais été désigné par le Conseil national des organisations de la société civile (CNOSCG) dirigé par Dansa Kourouma. Selon Me Traoré, il revient au barreau de designer le remplaçant Me Kébé. Par ailleurs, il accuse le président du CNOSCG, d’avoir des positions « ambiguës ». Lisez !

 Bonjour Me Mohamed Traoré, est-ce que vous avez pris vos distances avec la société civile comme l’a dit Dansa Kourouma et à quoi vous vous attendiez lorsque Me Kébé a été annoncé pour mort ? Est-ce que vous attendiez à ce que ce soit vous qui donnez un représentant ?

Je pense qu’il y a une confusion qu’il faut déjà lever, lorsqu’on dit que le barreau de Guinée a pris ses distances avec la société civile cela n’a pas de sens, la société civile est composée d’organe non gouvernemental, d’association qui en plus de leur activité joue un rôle de contrepouvoir et qui fait en sorte que les politiques publiques soient faites dans l’intérêt des citoyens et dans l’intérêt de leurs membres.

Le barreau en tant qu’entité est une composante essentielle de la société civile, donc, est par nature de la société civile. Le barreau ne peut pas rompre avec cette nature-là, en disant qu’il prend sa distance avec la société civile. J’ai l’impression que Dr Dansa Kourouma confond un peu, la société civile et les structures faitières de la société civile. Il y a différentes associations,

différentes ONG qui évoluent dans différents domaines, dans différentes activités qui se fédèrent au sein des structures faitières comme le CNOSCG.

 

Est-ce qu’à un moment ou à un autre vous avez appartenu de manière assez clair à cette faitière qu’on appelle le CNOSCG et qu’à un autre moment vous vous en êtes éloignés ?

Il est vrai que depuis le temps du bâtonnier Me Kabèlè Camara, le barreau prenait part aux activités du CNOSCG, parce qu’à l’époque c’était la seule structure faitière et nous même par tradition quand on est venu à la tête du barreau, nous avons constaté cela, nous avons continué avec le même positionnement mais il faut reconnaitre qu’à un moment donné nous avons décidé de prendre notre distance par rapport aux CNOSCG.

 

Pour quelle raison ?

Parce que le CNOSCG à travers M. Dansa Kourourma avait des positions très ambiguës, des positons dans lesquelles le barreau ne se reconnaissait pas, moi-même à la fin de mon mandat, j’ai voulu adresser un acte formel de désaffiliation parce que comme je vous l’ai dit ; nous ne nous reconnaissions pas dans certaines prises de positions du CNOSCG qui étaient très vague, très flou et contrairement à certaines d’autres plates formes.

 

Après le décès de Me Salifou Kébé, dans le cadre du remplacement notamment prévu par l’arrêt de la Cour Constitutionnelle à quoi vous vous attendiez à côté du barreau de Guinée ? Est-ce qu’il revenait au CNOSCG au compte de toute la société civile guinéenne de désigner un remplaçant.  Pourquoi pas vous le barreau ?  

A l’arrêt qui était rendu par la cour constitutionnelle et l’arrêt-là se situe en droit ... de la loi organique qui régit la CENI. La loi qui régit la CENI dit : qu’en cas de vacance, le remplacement se fait dans les conditions de la désignation du commissaire dont le poste est vacant. En 2018 lorsque j’entends Dr Dansa dire qu’en 2018 c’est le CNOSCG qui a désigné Me Salifou Kébé, je m’inscris en faux contre cette allégation. J’ai ici sous mes yeux la lettre du 28 décembre 2018 portant désignation du représentant des organisations de la société civile au sein de la CENI. Me Salifou Kébé a été désigné en 2018 par le Barreau, j’ai la lettre sous les yeux, il y a une seconde lettre par laquelle le barreau a transmis le dossier complet de Me Salifou Kébé au ministre de l’Administration du territoire. Il faut dire que le ministre de l’Administration du territoire avait adressé un courrier à la société civile.

 

Revenez sur cette partie, est-ce que le barreau de Guinée avait adressé une correspondance au ministre de l’Administration et du territoire dans le cadre de la désignation d’un commissaire issu de la société civile venant du barreau de          Guinée ?

Le barreau a adressé un courrier au ministre de l’Administration et du territoire le 28 décembre 2018. Et le courrier là, a été reçu au secrétariat de ce département le même jour le 28 décembre 2018. Et en plus de cela,… le 31 décembre… le dossier Me Salifou Kébé a été déposé.

Il y a un détail important, le ministre de l’Administration et du territoire a adressé un courrier à la société civile de manière générale sans spécifier : CNOSCG, CONASOC, PCUD, donc la société civile de façon générale. Lorsque nous avons compris au sein du barreau, il y avait une volonté, c’est cette volonté qui s’est traduite hier par la nomination d’un membre du CNOSCG,...

En 2018 déjà les velléités existaient, et lorsque nous avons compris cela, nous avons adressé directement le courrier au ministre de l’Administration du territoire, parce que si nous l’avions adressé au CNOSCG en partant du fait que le barreau est théoriquement du CNOSCG, il est certain que Me Salifou Kébé n’aurait jamais été désigné parce qu’encore une fois au sein du CNOSCG, il y avait déjà en 2018 cette volonté de s’accaparer de ce poste-là.

 

Dr Dansa Kourouma nous révèle que la reconduction automatique de Me Salifou Kébé se fait par eux et non par le barreau parce que simplement Me Salifou Kébé était loyale au CNOSCG.

Je dis encore une fois que la lettre du ministre a été adressée à la société civile de façon générale, personne ne peut contester au barreau son caractère…de la société civile, ça c’est un. Deuxièmement ; nous, nous parlons sur la base du document, je voudrais que Dr Dansa Kourouma nous présente un seul courrier par lequel le CNOSCG a désigné Me Salifou Kébé.

Moi, je vous donne les références de notre courrier ; il date du 28 décembre 2018 et qu’il a été effectivement reçu le 28 décembre 2018, parce qu’encore une fois, nous avons été obligés d’agir de cette façon parce que si nous ne l’avions pas fait, ce qui s’est passé hier allait se passer depuis 2018 déjà. Mais, le fond du problème c’est quoi en réalité ? C’est que, l’on ne voulait pas d’un représentant du barreau cette fois-ci au sein de la société civile.

 

Me Traoré, est-ce que vous allez attaquez ce décret du président devant la cour constitutionnelle ? Qu’est-ce que vous allez faire finalement ?

Il y a une réunion du conseil de l’ordre qui est prévue aujourd’hui, c’est à l’issue de cette réunion qu’on saura ce qui s’est passé, mais je pense qu’il faut qu’on arrête les contre-vérités, le CNOSCG n’a jamais désigné Me Salifou Kébé, il n’y a aucune preuve là-dessus à moins qu’on ne fasse maintenant des lettres anti datées.

 

Est-ce que ce n’est pas la perception qu’on a depuis 2 ans ou 3 ans du barreau qui prend plusieurs avocats qui se montre véhément vis-à-vis au pouvoir en place, est-ce que ce n’est pas cette véhémence qu’on est en train de vous faire payer ? Est-ce que vous n’en avez pas le sentiment ?

Je vais vous dire ; avant la publication de ce décret, des informations nous étaient parvenues selon lesquelles, le pouvoir ne voulait du barreau parce que le barreau est supposé être proche de l’opposition, le barreau est véhément dans ses critiques à l’endroit du pouvoir ; donc moi, je ne suis pas surpris parce qu’il est né hier, je pense qu’il fallait s’y attendre, il faut même tourner cette page-là.

 Transcrit par Alpha Amadou Diallo