Grève des enseignants ou l'ingratitude faite SLECG
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Depuis 2011, à l'arrivée d'Alpha Condé au pouvoir, le salaire des enseignants a augmenté de 180 %. Un record. Aujourd'hui, l'enseignant survivancier du secondaire touche un minimum salarial de 1.450.000 FG (150 euros). Le titulaire gagne pour sa part 2.500.000 FG (250 euros). Le principal de collège, tout comme le proviseur de lycée, bénéficie d'au moins 4 millions de FG par mois.

La "prime de craie" est montée à 100.000 FG par enseignant et par mois. La "prime de fourniture" caracole à 300.000 FG mensuellement et individuellement.

Le professeur d'université engrange en moyenne 5 millions de FG, mieux que la plupart des officiers de l'armée.

Bref les enseignants ayant bénéficié, pour la seule année 2018, d'une augmentation salariale de 40 %, à la faveur de négociations houleuses, sont "gâtés" par Alpha Condé. Ils le reconnaissent volontiers en dépit de leurs récriminations actuelles.

Maintenant ou jamais

Au sein du corps enseignant, les vrais leviers de cette grève sont les partants. Les futurs retraités. Le secrétaire général du Slecg, Aboubacar Soumah, en personne, doit aller à la retraite dans trois ans. Nombreux sont les enseignants de sa génération qui sont appelés à faire valoir leur droit à la retraite, sous peu de temps. Étant majoritaires dans l'administration scolaire et universitaire, ces gérontocrates ambitionnent d'avoir une retraite dorée.

Si Alpha Condé les a beaucoup servis, il apparaît certain qu'il pourrait faire davantage, estiment les vieux qui tiennent les rênes de l'administration éducative. C'est donc le moment de mettre toutes les chances de leur côté et toute la pression sur le pouvoir avant l'alternance et le départ du président Condé en 2020. D'où cette détermination à resserrer l'étau autour du Prof venu de la Sorbonne et parer au plus pressé.

Les enseignants de la vieille génération, qui ont plus de souvenirs que d'avenir, entendent profiter largement de l'arrivée d'un des leurs au sommet de l'Exécutif, à l'image d'Abdoulaye Wade au Sénégal, contraint et forcé de multiplier le salaire des éducateurs. Bref, c'est de l'ingratitude de faire croire que les enseignants guinéens sont très mal payés, actuellement, par rapport aux autres fonctionnaires. Somme toute, l'enseignant guinéen touche entre 4 et 11 fois le SMIG (salaire minimum légal). Pas si mal non?

Que veut le SLECG finalement?

Après avoir tiré ces négociations en longueur, le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée veut sortir de façon honorable de cette crise. Il suffit d'une petite proposition pour céder. "L'Etat n'a qu'à nous proposer même 1000 FG, nous allons accepter. Mais nous allons aux négociations, nous ne trouvons personne!...", a lâché Aboubacar Soumah à des journalistes.

Il est vrai que les négociations se sont déroulées très mal jusqu'ici. Notamment du côté du pouvoir, qui n'avait rien gagné dans les premiers rounds. En cédant aux 40 %, les émissaires du pouvoir Condé n'avaient rien demandé en retour. Sous d'autres cieux, ils auraient exigé du SLECG l'abandon du seuil des 8 millions de FG comme salaire de base pour se contenter de l'augmentation en vue, celle de 40 % qui n'était quand même pas négligeable. Mais, les envoyés du pouvoir, la peur au ventre, ont prolongé plutôt la crise en annonçant la reprise des pourparlers en mai.

Ils savaient pertinemment que les finances de notre État, déliquescentes, ne peuvent supporter un tel fardeau. Au départ, Tibou Kamara, le ministre d'État Conseiller personnel du président de la Republique, était bien parti pour en finir.

Mais au moment de conclure un accord, un groupe d'opportunistes est venu s'immiscer pour récupérer politiquement l'effort individuel de Kamara. A la tête de ce groupe crépusculaire, Gassama Diaby, qui criait dans la salle, urbi et orbi, "il faut trouver un accord cette nuit même sinon la Guinée risque de brûler demain matin".

Les négociateurs du SLECG ont exploité cette peur pour piéger le pouvoir et remettre sur les rails cette histoire de 8 millions. S'il ne tenait qu'à Tibou Kamara, le débat aurait été clos depuis le début de l'année. Comme on dit, le diable est dans les détails!

Ramatoulaye.com/Sambegou Diallo