Déguerpissement de Dar Es Salam : « Trois morts : une par balle, deux par crise. »
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Notre reporter a tendu le micro ce matin du 25 Mai 2019 a une victime qui est devenu porte-parole des victimes de déguerpissement de Dar Es Salam. M. Issiaga Bangoura, explique les calvaires qu’il a vécus pendant  deux jours. Et lance un appel aux bonnes volontés et ONG de venir au secours. Interview.

Ramatoulaye.com: Bonjour M. Bangoura ! Comment vous avez-vécu cette situation ?

Le premier jour, il faut dire que la situation était tendue, il y a eu un peu de résistance, la foule était déterminée à résister contre les casseurs, il y avait 54 Pic up des gendarmes, ayant constaté la détermination de la foule, ils ont augmenté à 60 Pic UP des gendarmes, quand ils lancent les gaz lacrymogènes, les jeunes les retournaient les mêmes gaz, et les cailloux. Ils ont compris qu’avec les gaz lacrymogènes, ils ne peuvent pas.

Ils ont utilisé les armes, ils tiraient à bout portant. Un enfant a été atteint au niveau du ventre, Les intestins sont sortis, on a pris l’enfant et l’a transporté dans une clinique, de là, il a été transféré au CHU de Donka où il a reçu des soins intensifs.  Après ça on a tiré sur une femme au niveau du cou, elle est morte sur place. Comme les enfants ont vu que c’est les balles qui pleuvaient à la place de gaz, les enfants ont reculé.  

De l’autre côté il y avait   15 Pic Up des gendarmes, ils sont descendus pour arrêter des gens, mais les cailloux tombaient comme la pluie, il y avait une forte résistance. On a vu une femme qui est sortie en larme, elle disait en toute désespoir ‘’il faut nous tuer’’, c’était tellement pathétique, on a vu des gendarmes pleurer, On a compris que c’était indépendamment de leurs volontés. Eux-mêmes savaient qu’en cette période de Ramadan, casser les maisons des gens n’est pas normal. Il y a des gens ici qui n’ont pas où aller, mais puisqu’ils étaient en mission (les gendarmes nrdt), ils ne pouvaient rien. 

Ainsi, Les sages qui ont habité cet endroit depuis… sont venus nous voir. Ils nous ont demandé d’accepter parce que quoi qu’on fasse, ils vont déguerpir les gens. On a accepté de céder parce qu’on a compris qu’ils ont reçu de l’ordre…à notre tour ont accepté de sensibiliser les enfants, voilà !

Qu’est-ce que vous envisagez de faire ?

Nous avons maintenant une association, Nous allons nous retrouver demain matin, pour lancer un appel aux bonnes volontés et aux ONG nationales et internationales, aux ressortissants guinéens à l’étranger pour nous venir en aide. Quand vous voyez Dar es salam aujourd’hui, vous aurez des larmes aux yeux, les gens ont passé la nuit à la belle étoile. Vous avez quelqu’un au moment où il se demande comment avoir à manger, on vient casser sa maison, c’est le comble de la tristesse.

Est-il vrai qu’il y a eu cinq morts ?

Non ! c’est trois morts, un vieux a piqué crise, quand il a vu la machine cassée sa maison, il est mort sur place, on l’a enterré hier. Il y a une dame aussi qui a piqué crise, quand elle a vu la machine en train de casser sa maison, on l’a enterré à hamdallaye aujourd’hui. Donc deux personnes par crises, une par balle. Le petit qui a reçu la balle au niveau de ventre, on nous dit qu’il reçoit des soins à l’hôpital.

Interview réalisé par Oumou Koultoumi Bah pour ramatoulaye.info.