Conakry – Le Jour où la Justice a Commencé à Payer sa Dette : Premiers versements aux victimes du 28 septembre
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Conakry, 13 mai 2025. Le calme apparent de la cour d’appel de Conakry dissimulait, ce mardi après-midi, une charge émotionnelle intense. À 15 heures précises, sous le regard grave des membres du gouvernement et de plusieurs figures de la société civile, le ministre de la Justice, Yaya Kairaba Kaba, a officiellement lancé le processus d’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009. Un moment historique, attendu depuis plus de quinze ans.

Dans l’enceinte solennelle du bâtiment judiciaire, les premières bénéficiaires – des femmes survivantes de violences sexuelles – ont été appelées à tour de rôle. Leurs visages, marqués par les années et les souffrances, laissaient entrevoir une émotion contenue. Certaines ont fondu en larmes à l’annonce du montant qui leur était accordé. Ce premier versement, réalisé par voie bancaire, marque le début d’un long processus de réparation voulu par les autorités de la transition.

« C’est un acte symbolique, mais aussi concret. Aujourd’hui, c’est la République qui reconnaît leur douleur et commence à y répondre », a confié à notre rédaction une source proche du comité en charge du dossier. Selon cette même source, la priorité a été donnée aux femmes victimes de violences sexuelles, conformément au décret signé le 26 mars dernier par le général Mamadi Doumbouya.

L’atmosphère, mêlée de dignité et de soulagement, contrastait avec les années de silence et de procédures interminables. « On n’efface pas l’horreur avec de l’argent, mais c’est un pas. On attendait depuis trop longtemps », murmure une bénéficiaire, le regard tourné vers l’escalier du palais de justice qu’elle vient de descendre.

La transparence semble être le mot d’ordre : toutes les indemnités sont versées directement sur des comptes bancaires, une mesure destinée à écarter toute tentative de détournement ou de favoritisme.

Le processus ne fait que commencer. D’autres victimes, hommes et femmes, suivront dans les prochains jours. Mais pour celles et ceux présents ce 13 mai à la cour d’appel de Conakry, l’histoire retiendra cette date comme celle où la justice guinéenne a commencé à panser les plaies ouvertes du 28 septembre.

Abdoul Jalil Camara