Quand l’Afrique oublie ses racines : Bah Oury, la voix du vent qui rappelle aux rois la loi de la terre
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Conakry, 23 avril 2025 – Au bord de l’Atlantique, sous un ciel chargé d’orage et d’espérances, une voix s’est élevée, claire comme une eau de source, grave comme un tambour de guerre. Celle de Bah Oury, Premier ministre de Guinée, mais surtout, ce jour-là, passeur de conscience et poète du réel.

Dans l’amphithéâtre vibrant de la rencontre de l’Union des Conseils des Chargeurs Africains (UCCA), il n’a pas parlé en technocrate. Il a parlé en homme qui voit loin, en guetteur des possibles, en berger inquiet de son troupeau dispersé.

« Ce sont les intérêts de nos populations qui doivent nous guider »,
a-t-il lancé, comme un souffle contre les murailles de l’indifférence.

Les dirigeants étaient là, venus de toute l’Afrique de l’Ouest. Certains regardaient leurs montres, d’autres leurs ambitions. Bah Oury, lui, regardait le sol et les racines, là où l’Afrique attend encore qu’on la cultive avec soin.

« C’est l’économie qui résout les crises, pas les calculs politiques », a-t-il asséné,
comme on plante une vérité dans un champ en friche.
Comme on allume une lampe dans une pièce que l’on veut enfin balayer.

Il parlait d’urgence — celle d’un continent souvent ballotté entre tempêtes politiques et dérives de pouvoir, qui oublie que la pluie ne tombe que là où la terre est prête. Il parlait aussi d’espérance : celle qu’un jour, le développement ne sera plus un mot de conférence, mais un pain partagé.

« Avec l’économie, vous résolvez les douleurs sociales,
vous apaisez les tensions,
vous préparez les chemins pour que la politique soit service,
et non stratégie. »

Le mot est tombé comme une enclume dans un silence de velours.
Et à travers lui, un appel :
Revenir aux fondamentaux.
Revenir à l’humain.
Revenir à l’Afrique vivante.

Mais Bah Oury n’a pas seulement pointé les failles : il a aussi dessiné des horizons. Dans sa bouche, le secteur privé devenait un passeur de croissance, un artisan de transformation, un jardinier du futur.

« L’objectif est de faire pousser un écosystème économique fécond,
irrigué par un secteur privé fort,
capable de semer la richesse et moissonner la croissance. »

Entre les lignes, une critique subtile, presque musicale : celle des dirigeants qui préfèrent les ruses à la rigueur, et les intérêts de palais aux intérêts des peuples. Mais sans jamais céder à la colère, Bah Oury a préféré le ton du sage, celui qui sait que le plus beau arbre ne pousse jamais en une nuit.

Et au final, son message, aussi simple qu’un proverbe :
Que l’Afrique cesse de tourner en rond dans la poussière des promesses. Qu’elle plante enfin ses pieds dans le sol ferme de l’économie, pour que le ciel n’ait plus peur de lui donner la pluie.

Barry Arbaba