À la poursuite des 21 milliards : arrestation musclée à la frontière, justice en marche
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PAMELAP, frontière guinéo-sierra-léonaise – Il est un peu plus de 10 heures ce lundi 28 avril 2025 quand l’homme le plus recherché de Guinée franchit la frontière, cette fois menotté et encadré par une escouade de policiers. Thierno Moussa Diallo, cerveau présumé du spectaculaire vol de 21 milliards de francs guinéens sur l’axe Kindia-Mamou, est remis aux autorités guinéennes. La scène, sobre mais tendue, se joue à quelques mètres du poste frontalier de Pamelap, sous le regard vigilant des forces de sécurité des deux pays.

C’est l’épilogue provisoire d’une traque transfrontalière haletante, digne d’un thriller. Selon nos sources, Diallo s’était réfugié en Sierra Leone peu après le braquage, espérant échapper au filet qui se resserrait. Mais c’était sans compter sur la coopération active entre Interpol-Guinée et la police sierra-léonaise. En embuscade depuis plusieurs jours, les forces conjointes ont fini par le localiser. L’arrestation, elle, ne s’est pas faite sans heurts.

Blessés dans les rangs : le prix de la justice

« L’opération a été risquée », confie sous couvert d’anonymat un officier sierra-léonais. Deux policiers et un conducteur de moto-taxi ont été grièvement blessés dans l’assaut. Des motos calcinées, des radios brisées : le terrain garde encore les stigmates de l’affrontement. « C’est la réalité du terrain. Ce n’est pas du cinéma. Attraper un homme prêt à tout pour s’échapper, ça laisse des traces », soupire un gendarme guinéen présent sur les lieux.

Le directeur général de la police nationale guinéenne, lui, est venu en personne superviser la remise du suspect. D’un ton grave, il a salué le « courage exemplaire » des agents et appelé à « renforcer les mécanismes de lutte contre la criminalité transfrontalière ». Derrière lui, les pick-up de la police étaient prêts à ramener Diallo à Conakry, où l’attendent les enquêteurs du parquet de Kaloum.

Une affaire tentaculaire, sept inculpés et des zones d’ombre

Le braquage, survenu il y a quelques semaines, avait secoué l’opinion publique par son ampleur et son audace. 21 milliards de francs guinéens envolés en plein jour. Depuis, les pistes ont mené à plusieurs arrestations. Sept personnes sont déjà inculpées : vol à main armée, détention illégale d’armes, association de malfaiteurs, recel et complicité. Mais l’enquête ne fait que commencer.

« Ce n’est pas qu’un simple vol. C’est un réseau bien organisé avec des ramifications », confie une source judiciaire. Les enquêteurs espèrent que l’interrogatoire de Diallo permettra de faire tomber d’autres têtes. Le message, lui, est clair : les criminels n’ont plus d’asile facile au-delà des frontières.

Un symbole pour la justice guinéenne ?

Cette arrestation marque peut-être un tournant. « On ne peut plus se permettre d’avoir des zones de non-droit à nos frontières », assène un haut gradé de la sécurité guinéenne. Pour les populations, encore marquées par l’impunité de nombreux scandales, cette action coordonnée sonne comme un espoir : celui d’un État qui reprend la main.

Reste maintenant à voir si la justice ira jusqu’au bout. Car au-delà de l’arrestation, c’est la crédibilité des institutions qui est en jeu. Et dans ce combat-là, le plus dur commence souvent une fois les projecteurs éteints.

Par notre envoyé spécial à Pamelap: Abdoul Chaolis Diallo