Conakry – À quelques heures de la Journée internationale des travailleuses et travailleurs, une voix se fait entendre avec force et humilité : celle d’Elhadj Ousmane RDA Sylla, Secrétaire Général de la Fédération des Retraités Civils, Militaires et Veuves de Guinée. Depuis son modeste bureau à Conakry, il déroule pour nous le fil d’un engagement de toute une vie, entre souvenirs de luttes syndicales et plaidoyer pour une solidarité intergénérationnelle.
« Chaque 1er mai me réconforte, car je vois que le syndicat guinéen avance », glisse-t-il d’un ton calme mais ferme.
Dans un pays où le syndicalisme a parfois été relégué à l’arrière-plan, Elhadj Sylla se réjouit de l’unité retrouvée au sein des 13 centrales syndicales, aujourd’hui réunies autour d’Amadou Diallo. Pour lui, cette cohésion est un retour aux sources : celles d’un mouvement qui a façonné l’histoire de la Guinée.
« Grâce au syndicat, la Guinée a obtenu son indépendance », rappelle-t-il avec fierté, évoquant la mémoire de Sékou Touré et les combats de l’UGTAN, aux côtés de figures historiques comme Houphouët-Boigny.
Mais le vétéran syndicaliste ne se contente pas de regarder dans le rétroviseur. Les retraités d’aujourd’hui, dit-il, vivent mieux qu’hier. Il salue des avancées concrètes : une prise en charge médicale à 80 %, des pensions versées à date fixe, et des réformes portées par la générale Aminata, qu’il considère comme une alliée des anciens travailleurs.
« Hier, on attendait nos pensions assis sur des cailloux… Aujourd’hui, le 25 du mois, elles sont déjà versées. »
Pour Elhadj Sylla, ces progrès redonnent dignité et visibilité à ceux qu’on appelait autrefois « les oubliés de la République ». Mais il reste vigilant, notamment sur la question des primes non intégrées au salaire de base. Un piège silencieux, selon lui, pour les futures pensions.
« Il ne faut pas que les travailleurs se laissent aveugler par les primes. Sinon, à la retraite, ils n’auront rien. »
Alors que le slogan « Ensemble pour nos droits, nos salaires, nos retraites ! » résonne ce 1er mai à travers le monde, la parole d’Elhadj Sylla se pose comme une boussole morale. Celle d’un homme qui appelle à un dialogue social sincère, et à une transmission des luttes entre générations.
« Je souhaite qu’un jour, il y ait plus de travailleurs que de retraités. Pas l’inverse. »
Un vœu simple. Mais profondément politique. Comme un dernier mot pour demain.
Amadou Diallo