Jeudi soir, un nouvel accident est venu allonger la trop longue liste des drames routiers en Guinée. Cette fois, c’est à Tabakôrô, dans la préfecture de Siguiri, sur l’axe stratégique reliant la Guinée au Mali, que le bitume a encore parlé dans le fracas et le sang. Vingt-deux blessés. Pas de morts, heureusement — pour cette fois.
Mais faut-il vraiment attendre des décès pour agir ? Faut-il que chaque tronçon de nos routes se transforme en champ de ruines humaines avant que la prise de conscience collective ne se produise ? À Siguiri, comme ailleurs, les mêmes ingrédients produisent les mêmes désastres : imprudence au volant, surcharge, état déplorable des routes, et souvent, une absence criante de contrôle efficace.
À 21h40, les services de sécurité livraient un premier bilan provisoire : 22 blessés. Derrière ce chiffre froid, il y a des corps meurtris, des vies bouleversées, des familles suspendues à un téléphone, à une prière, à une incertitude. Des victimes qui, pour beaucoup, n’avaient rien demandé d’autre que de rentrer chez elles.
L’accident de Tabakôrô n’est pas un cas isolé. Il est le reflet d’un mal plus profond, structurel, systémique. Tant que les autorités continueront de réagir dans l’urgence, avec des communiqués creux et des promesses jamais tenues, la route continuera de tuer, ou au mieux de blesser, de mutiler.
Ce soir, à Tabakôrô, la mort a frôlé 22 vies. Elle rôde toujours. Et nous ? Nous continuons de rouler vers elle, à pleine vitesse.
Mohamed Traoré