Reportage – Kindia, le 12 mai 2025 - La voix s’est tue, mais l’écho de ses rires résonnera longtemps encore. Moussa Koffoé, figure emblématique de l’humour guinéen, s’est éteint ce lundi 12 mai à l’âge de 75 ans, à son domicile, des suites d’une longue maladie. À Kindia, sa ville natale, la tristesse est palpable alors que le pays s’apprête à faire ses adieux à un artiste qui aura fait rire, réfléchir et aimer la Guinée.
Ce mardi 13 mai, les rues de Kindia se préparent à accueillir une foule endeuillée mais reconnaissante. Le programme des obsèques, sobre mais chargé d’émotion, débutera à 11 heures avec la levée du corps à l’hôpital régional. Puis, à 14 heures, la Place des Martyrs deviendra le théâtre d’un dernier hommage public. Témoignages d’artistes, discours d’anciens compagnons de scène, mots de proches et d’anonymes viendront dessiner, en filigrane, le portrait d’un homme qui a su faire de l’humour un art engagé.
Un parcours auréolé de reconnaissance
Moussa Koffoé n’était pas seulement un comédien. Il était une voix, une conscience sociale, un conteur de vérités enrobées de rires. Sa consécration régionale en 2016, lorsqu’il est sacré “Meilleur Comédien” à Bamako lors des distinctions Yélébougou, n’a fait que consacrer un talent déjà bien connu dans son pays. En 2022, il devient la première tête d’affiche guinéenne du prestigieux Festival des Arts et du Rire de Labé, une reconnaissance nationale tardive mais méritée.
Un héritage vivant
Au-delà des trophées, c’est dans le cœur des jeunes artistes que son héritage prend racine. Koffoé utilisait l’humour comme un miroir tendu à la société : drôle, parfois grinçant, mais toujours profondément humain. À travers ses sketches, il dénonçait les travers, célébrait les valeurs et racontait la Guinée avec tendresse et lucidité.
Alors que la dépouille de l’humoriste s’apprête à rejoindre la terre de Kindia, c’est tout un pan de la culture guinéenne qui s’incline. Mais loin de tirer sa révérence dans l’oubli, Moussa Koffoé entre dans la mémoire collective comme une étoile du rire, un éclat que même la mort ne saurait éteindre.
Amadou Diallo