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Élu président de la République ce jeudi 9 janvier après une vacance de plus de deux ans, le chef de l’armée, le général Joseph Aoun, hérite d’un pays en lambeaux. Face aux immenses défis, il affiche de grandes ambitions.

 Après une séance parlementaire mouvementée, le général Joseph Aoun, âgé de 60 ans, a été élu président de la République dans un Liban exsangue, qui peine à se relever de la guerre dévastatrice avec Israël, à surmonter la crise économique qui le frappe depuis 2019 et à panser les plaies de l’explosion cataclysmique du port de Beyrouth, en août 2020.

Cette succession de malheur a mis à genoux le pays qui accueille deux millions de réfugiés et de déplacés syriens, et dont une partie du territoire est désormais occupée par l’armée israélienne, depuis octobre dernier.

Les défis qui attendent cet officier de terrain, décoré 13 fois et blessés au combat à deux reprises, sont immenses.

Les plus urgents concernent la consolidation de la fragile trêve conclue le 27 novembre, violée près d’un millier de fois par Israël, et le retrait total des troupes israéliennes du sud du Liban.

Joseph Aoun hérite d’une économie en ruines, d’un secteur bancaire en faillite et d’un système politique miné par la corruption, le népotisme et le clientélisme.

Il dirige un pays autrefois prospère, mais aujourd’hui appauvri et mis au banc des nations par les pays occidentaux à cause de son incapacité à engager des réformes politiques, financières et économiques.

Une tâche immense

Dans le discours d’investiture qu’il a prononcé au Parlement après son élection, Joseph Aoun semble conscient de l’immensité de la tâche qui l’attend et affiche de grandes ambitions.

« Il faut changer de vision politique en ce qui trait à la protection de nos frontières, nos politiques économiques, notre conception de l'État et du développement et nos politiques environnementales », a-t-il martelé sous les salves d’applaudissements des députés.

Sur le plan interne, le nouveau président veut lancer de « vastes réformes » et promet de travailler « avec tous pour protéger le droit des Libanais ». « Aucune communauté ne sera privilégiée par rapport à une autre et aucun Libanais ne sera privilégié par rapport à un autre. Je protègerai l'environnement et les libertés et j'investirai dans l'éducation, surtout publique (…), a-t-il dit. Nous n'avons pas de temps à perdre. Notre devoir est d'être des femmes et hommes d'État qui pensent à l'avenir de nos jeunes générations, à l'intérêt public et non aux intérêts privés. Je ne vous décevrai pas ». 

Évoquant la situation économique, Joseph Aoun a assuré qu’il sera « intraitable sur (la restitution par les banques de) l'argent des déposants », bloqués et dévalorisés après la crise qui a éclaté en 2019. « Sous mon mandat, les banques seront soumises à la loi », a-t-il lancé.

« Le monopole des armes »

Le nouveau chef d’État a indirectement soulevé la question épineuse et clivante des armes du Hezbollah. « Les autorités auront le monopole des armes, a-t-il dit. Il faut que l'État investisse dans son armée pour être capable de protéger ses frontières, lutter contre la contrebande et le terrorisme et empêcher les agressions israéliennes ».

Il est nécessaire, selon lui, « de discuter (avec le Hezbollah) d'une stratégie de défense sur les plans diplomatique, économique et militaire pour que l'État libanais puisse lutter contre l'occupation israélienne ».

En termes de politique étrangère, Joseph Aoun préconise une ouverture sur « l’Orient et l'Occident et sur la communauté internationale ». Une ouverture « basée sur le respect mutuel, la souveraineté du Liban et sa liberté de décision ».

Il souhaite établir les meilleures relations avec les pays arabes, adoptera une « neutralité positive » vis-à-vis des questions régionales et s’engage à « n'exporter dans ces pays que le meilleur du Liban ».

Ces positions répondent aux souhaits de l’Arabie saoudite et des États du Golfe qui reprochaient au Hezbollah ses « ingérences » (au Yémen, en Irak…) pour « servir les intérêts iraniens ».

Le nouveau président libanais voit une « chance historique de discuter avec la Syrie pour régler tous les problèmes, notamment le respect de la souveraineté des deux pays et le dossier des réfugiés de manière rationnelle ». 

Rattrapé par les réalités politiques

En dépit de ses bonnes intentions et de ses grandes ambitions, Joseph Aoun risque d’être vite rattrapé par les réalités politiques libanaises.

Il a d’ailleurs eu un avant-goût de ce qui l’attend lors de son élection.

La séance parlementaire a été marquée par de vives altercations et un débat houleux. Au centre de la controverse, le principe même de la candidature de Joseph Aoun, jugé inéligible par certains députés.

En effet, l’article 49 de la Constitution est clair : un fonctionnaire de première catégorie en exercice ne peut être élu président. Il doit en outre attendre deux ans après la fin de son mandat pour prétendre à une fonction politique.

Une majorité de députés a plaidé pour passer outre le texte constitutionnel en raison des circonstances exceptionnelles que traverse le Liban, surtout qu’il existe un précédent avec l’élection en 2008 de Michel Sleiman, alors chef de l’armée.

Une importante minorité de parlementaires a cependant insisté sur la nécessité de procéder à un amendement constitutionnel pour valider la candidature de Joseph Aoun.

Résultat de cette ambiance tendue, au premier tour, Joseph Aoun n’a obtenu que 71 voix (sur 128 députés), un score en deçà des deux tiers requis pour être élu.

Le bloc des 27 députés chiites, répartis entre le Hezbollah et son allié le Mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berri, ont déposé dans l’urne des bulletins blancs.

C’est le changement de position des députés chiites lors du deuxième tour qui a permis de sortir de l’impasse.

Entre les deux séances, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, et Ali Hassan Khalil, un député proche de Nabih Berri, ont rencontré Joseph Aoun pendant près d’une heure.

Ce n’est qu’après cet entretien que la voie de la présidence a été ouverte devant Joseph Aoun.

Le déroulement des faits ne signifie pas qu’il doive son élection exclusivement aux chiites.

Joseph Aoun était perçu au Liban comme le candidat favori des États-Unis, des pays occidentaux et de l’Arabie saoudite.

Le Hezbollah et ses alliés n’avaient pas vraiment la possibilité de bloquer son élection sans être en porte-à-faux avec une grande partie des forces politiques du pays et de la population.

Des sources informées affirment que lors de l’ultime rencontre, les représentants des forces chiites ont essayé d’obtenir de Joseph Aoun des précisions sur ses intentions et demandé des garanties sur le fait qu’il placera en tête de ses priorités le retrait israélien du sud du Liban et la reconstruction des zones dévastées par la guerre.

Les mois qui viennent nous diront s’ils ont obtenu satisfaction.

Source : Rfi