UFDG : Quand la crise de légitimité vire à la guerre d'héritiers
Imprimer
Affichages : 346

Note utilisateur: 0 / 5

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Par-delà les querelles internes, c’est l’avenir même de l’UFDG qui se joue en ce moment. Le communiqué incendiaire publié ce 17 mai 2025 par les secrétaires fédéraux de Kankan, Siguiri et Kouroussa – fraîchement exclus du parti – est un véritable pavé dans la mare. En dénonçant leur suspension comme étant « nulle et de nul effet », ces cadres ne se contentent pas de contester une sanction ; ils remettent à nu une fracture bien plus profonde : celle d’un leadership en perte de légitimité.

Ibrahima Sow, LancinetTiguiberi Keita et Antoine DôbôGuilavogui ne mâchent pas leurs mots. Pour eux, la décision disciplinaire actée sous le numéro 031/UFDG/CAB/2025 viole ouvertement les textes régissant le parti, en particulier les articles 13 et 51. En somme : pas de procédure régulière, donc pas de sanction valable. Mais leur message va au-delà d’une simple bataille procédurale.

C’est le cœur même du pouvoir intérimaire qui est ici remis en question. Depuis le départ de Cellou Dalein Diallo, aucune régularisation formelle n’a été opérée, affirment-ils, alors que l’article 14 fixe à six mois la durée de l’intérim. Résultat : pour ces responsables fédéraux, Dr Fodé Oussou Fofana n’a tout simplement « aucune autorité légale » pour signer quoi que ce soit au nom de l’UFDG. Une attaque frontale, sans détour, qui révèle un mal plus ancien : la vacance de pouvoir au sommet et le flou juridique soigneusement entretenu.

Le Conseil politique en prend lui aussi pour son grade. Les ex-secrétaires fédéraux l’accusent de s’arroger des prérogatives qui ne sont pas les siennes, notamment en matière de sanctions disciplinaires. Or, cet organe est consultatif par essence. S’il commence à destituer et à remplacer, alors c’est la démocratie interne du parti qui vacille.

Et ce n’est pas une simple fronde isolée. C’est une déclaration de résistance. « Nous restons en poste », préviennent-ils, en brandissant la menace d’un recours judiciaire. Autrement dit, ils n’ont pas seulement décidé de désobéir : ils veulent imposer leur propre légitimité, là où ils jugent que celle de la direction actuelle est usurpée.

Ce bras de fer ne peut être réduit à une querelle d’égos ou à une turbulence passagère. Il révèle une vérité crue : l’UFDG traverse une crise existentielle, orpheline de son leader charismatique, sans cap clair, sans instance incontestable pour trancher. À ce rythme, ce ne sont pas seulement des fédéraux que le parti risque de perdre. C’est sa crédibilité, sa cohésion… et peut-être même son avenir.

Alpha Amadou Diallo