Le tarmac de l’aéroport de Conakry a une saveur particulière pour Lansana Kouyaté. Ce n’est ni la première fois qu’il foule à nouveau le sol guinéen, ni une arrivée triomphale orchestrée en grande pompe. Pourtant, dans ses mots, l’émotion est palpable.
« Chaque fois que je voyage, lorsque je reviens, c’est un plaisir immense de rentrer chez soi, là où l’on a ses frères, ses sœurs, ses parents, ses amis et aussi ses militants », confie-t-il d’un ton chaleureux. « Ça me fait chaud au cœur, après un certain temps. »
Ce temps d’absence, Kouyaté le refuse d’ailleurs à toute interprétation hâtive. Contrairement à d'autres figures politiques majeures de la scène guinéenne – Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé, Sidya Touré – installés à l’étranger ou considérés en exil, le président du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) assure n’avoir jamais fui le pays.
« Kouyaté est là, vous avez la réponse. Ceux qui partent en exil ne pensent pas revenir. Moi, je vais quand je veux, je reviens quand je veux. C’est une terre de liberté », tranche-t-il, en réponse à ceux qui s’interrogent sur son silence et ses déplacements.
Un parti épargné par la tempête
Alors que le climat politique reste tendu sous la transition, marqué par la suspension de plusieurs partis politiques, le PEDN, lui, semble naviguer en eaux plus calmes. Une anomalie dans un paysage politique où les remous sont monnaie courante.
« Je suis heureux que le PEDN n’ait pas été autant secoué », dit Kouyaté. « La raison ? La sérénité. Les partis ne sont pas exempts d’erreurs ni à l’abri de tensions internes. Mais nous avons toujours su garder le cap. »
Pour le leader, la stabilité de son parti repose sur un socle idéologique solide, une gestion prudente des egos et une vision partagée par ses militants. Il préfère toutefois garder le détail de ses orientations pour la prochaine rencontre avec les structures du PEDN.
« Je ne vais pas vous donner la primeur de ce que je dirai à la prochaine assemblée. Cela fait un moment que je n’ai pas vu mes militantes et mes militants, et surtout les organes du parti », confie-t-il, presque impatient de renouer avec sa base.
Une présence stratégique
Le retour de Kouyaté n’est pas anodin. À l’heure où les partis se réorganisent, où la transition militaire peine à dessiner une perspective claire pour la démocratie, sa présence physique en Guinée envoie un signal fort : celui d’un homme qui reste dans le jeu, sur le terrain, prêt à parler aux siens, aux institutions, et surtout au peuple.
Dans un contexte où l'exil est souvent perçu comme une stratégie ou un repli, Lansana Kouyaté choisit la voie de la proximité. Une carte qu’il entend jouer, sans bruit, mais avec conviction.
"Je suis là", répète-t-il. Et ce simple fait, dans le climat actuel, en dit long.
Saliou Keita