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 Lagos, Nigeria.Dans les couloirs solennels du centre de conférences de Lagos, où les chefs d’État et diplomates ont célébré les cinquante ans d’existence de la CEDEAO, une voix s’est faite entendre, plus lucide que festive. Celle de Lansana Kouyaté. L’ancien Premier ministre guinéen, également ex-secrétaire exécutif de l’organisation, ne s’est pas contenté des discours protocolaires. Il a choisi de parler vrai, de mettre des mots sur les maux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

Sous un soleil de plomb et dans une ambiance marquée par les enjeux sécuritaires et politiques qui gangrènent la région, Kouyaté a livré un diagnostic sans fard : « Il y a eu des crises. Toute organisation y est confrontée. Même les Nations Unies. Mais ce qui manque à la CEDEAO, c’est l’exercice de l’évaluation. »

Un besoin d’introspection urgent

Pour l’ancien patron de l’institution, la CEDEAO traverse un tournant critique de son histoire. Il appelle à une introspection sérieuse, débarrassée de toute langue de bois. « Il faut savoir où l’on en est, ce qui menace, afin de pouvoir réorienter. Toute organisation a besoin d’une couche de vernis. Sinon, on se retrouve en décalage avec la réalité du moment », explique-t-il, avec la gravité de celui qui connaît les arcanes du système.

Ce constat intervient alors que l’institution est ébranlée par le départ fracassant de trois de ses membres – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – regroupés désormais au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Une rupture que Kouyaté ne condamne pas frontalement. Au contraire, il y voit une opportunité manquée de dialogue.

« Peut-être qu’ils n’ont pas tort »

« Trois pays ont pris leur décision. Peut-être qu’ils n’ont pas tort. Mais il faut s’asseoir et discuter », affirme-t-il, saluant toutefois les tentatives de médiation entreprises par la CEDEAO. Pour lui, tout espoir n’est pas perdu. À condition que les méthodes évoluent : « Ils sont partis, mais il n’est pas exclu qu’ils reviennent un jour, si la méthode change. »

Des coups d’État et des principes à géométrie variable

Face à la multiplication des coups d’État dans la région, Kouyaté rappelle que l’organisation ne manque pas d’outils juridiques pour y faire face. Il cite notamment le protocole additionnel au mécanisme de prévention des conflits, signé à Dakar. Mais il déplore l’application inégale des règles : « Il ne faut pas qu’il y ait deux poids, deux mesures. Cela crée toujours des problèmes. Il faut appliquer la même rigueur à tous les pays. »

Alors que la CEDEAO cherche à se réinventer pour rester pertinente dans une région en pleine mutation, les propos de Lansana Kouyaté résonnent comme un avertissement. Un appel à renouer avec les principes fondateurs, mais aussi à se réformer, pour ne pas sombrer dans l’oubli ou l’indifférence.

À Lagos, entre célébration et désillusion, la CEDEAO semble à la croisée des chemins.

Alpha Amadou Diallo