Il a porté la culture africaine au sommet de la scène mondiale. Pourtant, son nom reste méconnu du grand public. Retour sur le parcours exceptionnel d’Italo Zambo (1938-2004), figure emblématique de l’art chorégraphique africain.
Peu de noms africains résonnent avec autant de prestige dans l’histoire des arts de la scène que celui d’Italo Zambo. Né en 1938, il interrompt très tôt ses études, en 1948, pour se consacrer corps et âme à la danse. À seulement 10 ans, il intègre la Compagnie de danse du Sénégal dirigée par Demba Kanouté. Ce sera le point de départ d’une carrière fulgurante, rythmée par la passion, l’exigence artistique et un rayonnement international hors du commun.
En 1955, il franchit une étape décisive en rejoignant les Ballets Africains de Keita Fodéba, une troupe mythique qui fera découvrir au monde entier la richesse des danses et musiques traditionnelles africaines. Aux côtés de cette compagnie pionnière, Zambo sillonne le globe entre 1955 et 1958, suscitant l’admiration des plus hautes sphères politiques et culturelles.
Son talent dépasse la scène : à Rome, il participe au tournage du célèbre film Ben Hur. Rappelé sous le drapeau français en 1959, il effectue son service militaire avant de revenir au Sénégal en 1960, où il est nommé Directeur Artistique des Ballets du Sénégal. Il approfondit alors son art à l’École Nationale des Arts du pays.
En 1962, Italo Zambo rentre en Guinée et retrouve les Ballets Africains, cette fois comme répétiteur. Il gravit les échelons, cumulant décorations et distinctions : Médaille nationale du travail en 1965, Médaille d’or du meilleur artiste remise par le président du Zaïre en 1968, Citoyenneté d’honneur de la ville de Dallas en 1991… Il participe aussi à des œuvres cinématographiques marquantes telles que L’Afrique danse (1967), Naîtou l’orpheline (1980), ou encore Sheena (1984), où il signe la chorégraphie d’une séquence dansée au Kenya.
Sa carrière atteint son apogée dans les années 1980 et 1990. Il est successivement chorégraphe, directeur artistique, puis directeur général des Ballets Africains. Il est aussi à la tête de projets culturels majeurs, comme les Percussions de Guinée et la Pyramide des percussions guinéennes lors du Bicentenaire de la Révolution française.
En 1991, son influence est consacrée par son admission au Forum Mondial des Arts, qui regroupe les 300 personnalités les plus éminentes de la culture et des sciences. Une reconnaissance ultime pour un homme qui n’a cessé de porter haut les couleurs de l’Afrique, de ses traditions, et de son génie créatif.
Italo Zambo s’éteint le 11 mai 2004, laissant derrière lui un héritage immense, trop souvent oublié. En 2011, il est décoré à titre posthume Officier de l’Ordre National du Kolatier.
Aujourd’hui encore, son œuvre continue d’inspirer les générations d’artistes africains. Ne l’oublions pas dans nos mémoires, ni dans nos prières.
Paix à l’âme de l’artiste du peuple. Amen.
Moussa I Souaré