Les médias israéliens l'annonçaient, c'est confirmé : des dizaines de milliers de réservistes sont appelés par l'armée. C'est ce qui ressort du Conseil de sécurité réuni dimanche 4 mai par le Premier ministre Benyamin Netanyahu. Les dirigeants israéliens ont aussi évoqué une reprise de l'aide humanitaire, bloquée aux portes de Gaza depuis plus de deux mois. Ces projets ne devraient toutefois pas voir le jour immédiatement.
Le cabinet de sécurité israélien a donné le feu vert à une intensification de l’offensive militaire à Gaza, qui comprendra notamment la « conquête de la bande de Gaza » et la promotion du « départ volontaire des Gazaouis » du territoire palestinien. Cela se fera en plusieurs phases et en plusieurs parties de la bande de Gaza et devrait prendre des mois ont encore indiqué les ministres. Ces derniers ont adopté ce plan à l’unanimité, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Ce dernier prévoit « des frappes puissantes contre le Hamas », selon une source officielle israélienne.
Le Forum des familles, la plus grande association de proches d'otages en Israël, a accusé de son côté le gouvernement israélien de « sacrifier » les otages à Gaza. Ce plan mérite le nom de « plan Smotrich-Netanyahu » car il « sacrifie les otages », selon un communiqué de l'association, en référence à l'influence du ministre des Finances d'extrême droite, BezalelSmotrich, sur le gouvernement du Premier ministre, Benyamin Netanyahu. « Ce matin, le gouvernement admet qu'il choisit le territoire plutôt que les otages contrairement aux souhaits de plus de 70% de la population », ajoute le texte.
Le Premier ministre israélien a par ailleurs affirmé pendant la réunion qu'il « continuait à promouvoir le plan Trump visant à permettre le départ volontaire des habitants de Gaza et que les négociations à ce sujet se poursuivaient », selon la même source. Ce projet avait suscité un tollé à l'international.
Exclure le Hamas de la chaîne de distribution alimentaire
Le rappel de dizaines de milliers de réservistes a également été entériné. Il a également été décidé d’autoriser l’entrée d’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne dans des conditions qui ne sont pas très claires à l’aide d’une fondation internationale. Le but est « d'empêcher le Hamas de prendre le contrôle des approvisionnements », a expliqué une source officielle qui a précisé que lors de la réunion, les membres du cabinet ont estimé qu'il y avait « actuellement suffisamment de nourriture à Gaza ».
Les organisations d'aide internationale, de même que les Gazaouis, témoignent depuis des semaines d'une situation humanitaire dramatique dans ce petit territoire, notamment en raisons des pénuries de biens de première nécessité. Le Programme alimentaire mondial, un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a par exemple annoncé le 25 avril avoir « épuisé tous ses stocks » dans le territoire palestinien.
Ce plan n’est pas supposé entrer en vigueur de manière immédiate et s’est heurté à l’opposition de l’extrême droite, notamment du ministre Itamar Ben Gvir et a donné lieu à de vives altercations avec le chef d’état-major qui a mis en garde les ministres extrémistes.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a de son côté accusé Israël d'utiliser l'aide humanitaire comme un moyen de « chantage politique » et de porter la responsabilité de « l'aggravation de la catastrophe humanitaire » dans la bande de Gaza. « Nous rejetons l'utilisation de l'aide humanitaire comme un moyen de chantage politique », a déclaré le Hamas dans un communiqué, ajoutant que « l'obstruction continue de l'entrée de l'aide » depuis le 2 mars rendait Israël « pleinement responsable de l'aggravation de la catastrophe humanitaire » dans le territoire palestinien.
Le plan israélien de distribution d'aide « contraire aux principes humanitaires »
Le secrétaire général Conseil norvégien pour les réfugiés affirme de son côté que le projet du gouvernement israélien est de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée, un projet « fondamentalement contraire aux principes humanitaires ». Ce dernier souligne que « les agences des Nations unies et tous les autres groupes humanitaires internationaux ont dit non à cette idée émanant du cabinet israélien et de l'armée israélienne ».
Selon le responsable de l'ONG norvégienne, le gouvernement israélien « veut militariser, manipuler et politiser l'aide en ne l'autorisant que dans quelques centres dans le sud, un système où les gens seront contrôlés et où il sera impossible d'agir ». Cela « obligera les gens à se déplacer pour obtenir de l'aide, ce qui prolongera la famine parmi la population civile. Nous ne prendrons donc pas part à cela », a ajouté Jan Egeland. « Si l'une des parties tente de contrôler, de manipuler et de rationner l'aide destinée aux civils de l'autre camp, cela va à l'encontre de toutes nos valeurs », a-t-il encore ajouté.
De son côté, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU a souligné que le « plan qui nous est présenté signifie que de vastes zones de Gaza (...) resteront privées d'approvisionnement ».
Riposte contre les rebelles yéménites et l'Iran
Benyamin Netanyahu a aussi réagi à une nouvelle frappe des Houthis ce dimanche. Il promet des ripostes contre les rebelles yéménites mais aussi contre l'Iran. La riposte se déroulera en plusieurs phases et en temps voulu, a déclaré Benyamin Netanyahu. Ce dernier a également menacé l’Iran qui se trouve derrière les attaques des rebelles houthis.
Cela va demander une certaine coordination avec les États-Unis, précise-t-on en Israël. En attendant plusieurs compagnies aériennes ont décidé de prolonger la suspension de leurs vols à destination de l’aéroport de Tel-Aviv ces prochains jours. Conséquence : des dizaines de milliers d’Israéliens sont bloqués à l’étranger.
Rfi