Privés de carburant, de nourriture et d’aide humanitaire, les habitants de Gaza sont confrontés à une crise humanitaire « au bord de l’effondrement », selon la Croix-Rouge. Alors que l’ONG World Central Kitchen a cessé ses distributions de repas, la Défense civile palestinienne tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : ses moyens d’intervention sont paralysés, les hôpitaux manquent d’électricité et d’oxygène. Israël, qui maintient un blocus hermétique sur l’enclave, dément toute crise humanitaire et poursuit ses opérations militaires.
L’organisation caritative américaine World Central Kitchen (WCK) n’est plus en mesure de livrer des vivres aux Gazaouis en raison du blocage israélien de l’aide humanitaire. « Après avoir fourni 130 millions de repas et 26 millions de pains, au cours des 18 derniers mois, World Central Kitchen n’a plus les moyens de cuisiner des repas ou de cuire des pains à Gaza », a déclaré l’organisation humanitaire mercredi 7 mai.
Les secours palestiniens ont également averti jeudi 8 mai qu’ils étaient au bord de la paralysie dans une bande de Gaza en pleine catastrophe humanitaire. « Soixante-quinze pour cent de nos véhicules sont à l’arrêt en raison d’un manque de diesel », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal. « Nous souffrons d’une grave pénurie de générateurs électriques et d’appareils à oxygène », a-t-il ajouté.
« Sang vital »
À l’hôpital de campagne koweïtien de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des Palestiniens font la queue pour donner leur sang, a constaté un journaliste de l’AFP. « Dans ces circonstances difficiles, nous sommes venus soutenir les blessés et les malades en donnant notre sang », explique Moamen Cheikh al-Eid, allongé sur un lit, une aiguille plantée dans le bras.
Cheffe du laboratoire, Hind Joba note qu’ « il n’y a rien à manger, rien à boire, les points de passage sont fermés, et on n’a aucun accès à une alimentation nutritive ou riche en protéines ». « Malgré cela, les gens ont répondu à l’appel, accomplissant leur devoir humanitaire en donnant leur sang malgré l’épuisement que cela entraîne par la suite », ajoute-t-elle. « Mais ce sang est vital, ils savent que chaque goutte peut sauver la vie d’un blessé ».
Un blocage total
Depuis le 2 mars, Israël bloque l’aide humanitaire à destination des Palestiniens dans l’enclave occupée de Gaza. Israël accuse le Hamas de détourner cette aide, ce que le Hamas réfute.
Le Hamas dénonce pour sa part qu’Israël a recours à la faim comme arme de guerre. « L’aide humanitaire est utilisée comme arme de guerre », a aussi dénoncé le représentant de la Palestine auprès des instances internationales à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye (Pays-Bas). La CIJ a ouvert une semaine d’audiences sur les obligations humanitaires d’Israël à l’égard des Palestiniens à la fin du mois d’avril. La Belgique y a plaidé la semaine passée pour l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Fin avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé l’épuisement de ses stocks à Gaza, où Israël bloque toute aide depuis plusieurs semaines. L’Unwra, l’agence des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens, a aussi déclaré ne plus disposer de farine.
Il y a un an, sept employés de World Central Kitchen ont perdu la vie dans une attaque aérienne israélienne. Leur convoi de trois véhicules quittait alors un dépôt dans le centre de l’enclave palestinienne.
Rfi