À Gaza, les bombardements du mercredi 7 mai ont notamment coûté la vie au journaliste palestinien Yahya Sobeih, sur place pour raconter l'enfer, il était devenu papa d'une petite fille la veille. Gaza est devenue, de très loin, la zone la plus dangereuse pour la profession, comme le racontent deux reporters de terrain, joints par téléphone par Alice Froussard.
Zareefa, 21 ans, est une journaliste-pigiste gazaouie. Et elle a l'impression que plus personne n'entends ceux qui s'expriment depuis l'enclave bombardée par l'armée israélienne. Comme ses confrères et consœurs, elle répète toujours ce même message, en vain : « Nous, journalistes de Gaza, sommes visés et tués par Israël. »
« La raison est simple. Tout simplement parce que (les journalistes) sont les seuls sur le terrain, et ce sont ceux grâce à qui l'information sort. Ils racontent ce que fait Israël, qu'il s'agisse d'affamer des enfants ou de les tuer. Nous ne demandons qu'une chose : une pleine protection, comme le requiert le droit international. »
À Gaza, les journalistes palestiniens se battent pour documenter l'horreur, minute par minute. Ils affirment que porter un gilet pare-balle avec l'inscription « Presse », c'est comme porter une cible dans le dos. Nahed, une journaliste de la télévision gazaouie, ajoute que quasi tous les reporters ont dû annoncer la mort de proches en direct : « En tant que journaliste, j'ai dû couvrir la mort de mon frère, et c'était incroyablement difficile pour moi. J'ai toujours été journaliste et c'était comme ça ; à Gaza, on rapporte la mort des autres. Mais cette fois-là, c'est moi qui suis devenue l'actualité. C'était atroce. »
Depuis le 7 octobre 2023, « les forces armées ont tué près de 200 journalistes, réduisant au silence des témoins professionnels d’une opération militaire responsable de la mort de dizaines de milliers de civils, en majorité des femmes et des enfants », indique l'ONG Reporters sans frontières dans son communiqué, déplorant la mort de Yahya Sobeih. Du jamais-vu, tous conflits confondus.
Rfi