Édito : Une fois de plus, la guerre étouffe Gaza dans un vacarme de bombes et de blindés. Ce dimanche 18 mai, l’armée israélienne a lancé ce qu’elle qualifie de « vastes opérations terrestres » dans le nord et le sud du territoire palestinien. L’offensive s’intensifie sur fond de négociations au Qatar, un contraste aussi brutal qu’absurde. Car pendant que les chars progressent vers Jabaliya et Khan Younès, des émissaires discutent à Doha d’un hypothétique cessez-le-feu.
C’est sous le nom biblique de « Chariot de Gédéon » que l’armée israélienne baptise cette nouvelle phase d’invasion. Une opération qui, selon le gouvernement Netanyahu, vise à libérer les otages détenus par le Hamas et à anéantir le mouvement islamiste. Sur le terrain, le bilan est tout autre : des dizaines de morts en quelques heures, parmi eux de nombreux enfants, et une bande de Gaza toujours plus ravagée après 19 mois de guerre.
Au même moment, le Premier ministre israélien joue sur deux tableaux. Il se dit ouvert à un accord de cessez-le-feu, mais pose des conditions intenables : l’« exil » du Hamas, son désarmement, et la reprise totale du contrôle de Gaza. Un projet qui évoque davantage l’annexion déguisée que la paix négociée. Difficile, dès lors, de croire à la sincérité d’un gouvernement qui, début mai, approuvait encore un plan de « conquête » du territoire et de déplacement de sa population.
Face à l’escalade, la communauté internationale commence à hausser la voix. « Arrêter le massacre », demande le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. « Ça suffit », martèle le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani. Mais les protestations verbales pèsent peu face aux colonnes de tanks et à l’étouffement humanitaire organisé. Depuis le 2 mars, Israël bloque l’entrée de toute aide vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens enfermés dans ce territoire exsangue.
Le Hamas, de son côté, a annoncé la reprise « sans condition préalable » des négociations. Une rare ouverture que Tel-Aviv accueille… par une pluie de feu. Le mouvement palestinien, malgré son refus de désarmement, se dit prêt à libérer tous les otages dans le cadre d’un accord global. Mais là encore, les gestes semblent noyés sous les bombes.
La vérité est crue : la diplomatie israélienne parle de paix pendant que son armée rase les dernières miettes d’un territoire en ruines. Netanyahu brouille les pistes, mais le message est limpide : l’offensive prime sur la trêve. Tant que la communauté internationale se contentera de protestations molles, Gaza restera un champ de ruines où l’on tente, en vain, de négocier sous les décombres.
Algassimou L Diallo