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Selon l’écrivain scientifique Ed Regis, le riz doré provoquerait des millions de morts inutiles ainsi que de très nombreux cas de cécité chez les enfants pauvres. En effet, il décrit en détail la situation tragique du riz doré dans son dernier livre.

Qu’est-ce que le riz doré ? Il s’agit d’une variété de riz (Oryza sativa) génétiquement modifié. Il a été créé à l’EPFZ (École polytechnique fédérale de Zürich, en Suisse). Le riz doré a été génétiquement modifié pour inclure du bêta-carotène, un produit chimique que notre corps peut utiliser pour produire de la vitamine A. À savoir que la carence en cette vitamine est une cause majeure de cécité infantile évitable dans le monde. En effet, près de 500’000 enfants en deviennent aveugles chaque année.

Le manque de vitamine A peut également augmenter le risque de décès par maladies et infections infantiles. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce problème est répandu dans plus de la moitié des pays du monde, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est. Bien que des suppléments puissent aider à combler cette lacune, l’OMS note que l’enrichissement des aliments est un moyen plus direct de s’attaquer au problème, mais à long terme. Et c’est exactement dans ce but qu’a été développé le riz doré dans un premier temps.

Bien que le riz de couleur jaune existe depuis le début du siècle, il n’a pas encore trouvé son chemin vers les populations qui en ont le plus besoin en Asie… Dans le nouveau livre d’Ed Regis, intitulé Golden Rice : The Imperiled

Birth of a GMO Superfood (soit Riz doré : la naissance en péril d’un superaliment OGM), l’auteur affirme que les autorités sont principalement à blâmer.

Il faut savoir que Greenpeace a fortement exprimé son opposition quant à l’introduction du riz doré et des cultures génétiquement modifiées en général. L’organisation a affirmé que la promotion du riz doré était motivée par des intérêts commerciaux, qu’il n’avait pas été prouvé que celui-ci augmentait effectivement les niveaux de vitamine A (bien que les essais cliniques semblent indiquer le contraire) et qu’elle détournait l’attention d’autres tentatives pour mettre fin à la pauvreté des enfants.

Bien que de nombreuses controverses en matière de recherche sur le riz doré continuent à alimenter les débats entre scientifiques, le principal problème, selon Regis, est le Protocole Cartagena sur la biosécurité. Ce traité international, conclu en 2003, rend très difficile l’introduction des cultures GM dans le monde entier, en supposant que ces aliments sont dangereux, jusqu’à ce que leur innocuité soit prouvée, et non l’inverse.

 « De telles réglementations existent en raison des craintes irrationnelles des OGM, de l’ignorance de la science impliquée et du respect excessif du principe de précaution », a déclaré Regis.

Bien que nous puissions tous convenir que la santé doit toujours être une priorité, Regis affirme que les effets potentiellement salvateurs du riz doré (nous parlons d’environ 670’000 vies par an !), mériteraient « d’atténuer un peu l’approche du ‘mieux vaut prévenir que guérir’ ».

« Au Bangladesh, en Chine, en Inde et ailleurs en Asie, de nombreux enfants survivent uniquement par le biais de quelques bols de riz par jour, et presque rien d’autre », explique Regis dans son livre. « Pour eux, un approvisionnement quotidien en riz doré pourrait permettre de conserver le cadeau de la vie qu’est la vue », continue-t-il.

Il s’agit là d’un débat qui fait rage depuis de nombreuses années : en 2016, plus de 100 lauréats du prix Nobel ont signé une pétition condamnant le blocage de produits génétiquement modifiés tel que le riz doré, soulignant qu’aucun résultat négatif pour la santé n’avait été enregistré pour l’Homme ou les animaux.

En 2018, un examen de plus de 6000 études a permis de conclure que les OGM entraînaient une augmentation des rendements et des avantages importants pour la santé : c’est un élément de preuve convaincant, qui indique que des aliments comme le riz doré méritent d’être cultivés pour potentiellement améliorer les régimes alimentaires dans les régions les plus pauvres du monde.

De l’espoir pour le riz doré ?

Il faut savoir que ce dernier n’est actuellement approuvé que dans quatre pays : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Canada. Mais certains scientifiques espèrent qu’il obtiendra également le feu vert au Bangladesh et aux Philippines d’ici la fin de l’année, là où il fait cruellement défaut.

Stéphanie Schmidt

 Médecine & Bio

Sources :www.ncbi.nlm.nih.gov 

OMSNCBIJohn Hopkins University Press