Ibrahima Kourouma, ancien ministre de la République, est accusé de détournement de fonds publics et d'enrichissement illicite. Les sommes en jeu s'élèvent à 612 milliards 520 millions 504 mille francs guinéens et 12 millions de dollars américains.
Dans cette affaire retentissante, un autre protagoniste se trouve sur le banc des accusés : Mohamed V Sankhon, ancien Directeur Administratif et Financier (DAF). Selon Me Mohamed Kounta, avocat de Kourouma, les charges retenues concernent le détournement de deniers publics et l'incapacité à justifier un train de vie jugé démesuré.
« On se retrouve devant une situation ubuesque. La liberté, c’est le principe. La détention, c’est l’exception. L’exception prime dans ce dossier. Ça fait 33 mois que notre client est en détention illégale et arbitraire. Plusieurs fois, il a bénéficié d’une remise en liberté. La juridiction n’a pas le cran de tirer toute la conséquence du droit », a déclaré la défense avec insistance.
Me Kounta souligne également une inégalité flagrante dans le traitement des prévenus. « Il y a un principe qui dit que tous les prévenus doivent être traités de façon équitable. On constate qu’il y a un des prévenus, qui n’était pas en lien avec mon client, qui est toujours en liberté en attendant son procès alors que le nôtre est en détention. Cela est regrettable. C’est une situation qui commence à perdurer ».
L'avocat ne cache pas son indignation : « Si le citoyen lambda ne peut se référer à un juge, le désespoir commence à s’installer. Je dis sans ambages que c’est un dossier politique. On le dit de façon claire. On maintient notre client de façon abusive. Je m’insurge contre cette situation et à chaque fois, on va solliciter une remise en liberté. On n’accepte pas qu’il soit en prison jusqu’à la fin des débats ».
Cette affaire, qui suscite de vives réactions au sein de l’opinion publique, pourrait ébranler la confiance envers les institutions judiciaires. Les enjeux financiers et politiques sont tels que l’issue de ce procès pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption en Guinée.
Amadou Diallo