Sous le soleil brûlant de ce vendredi 25 avril 2025, la petite ville de Koundara vibre d’une effervescence inhabituelle. La foule s’est massée devant le grand podium dressé pour la deuxième édition de la Foire agricole. Parmi les visages tendus et les pagnes colorés, Saliou, 24 ans, membre d’un groupement de jeunes agriculteurs, tente de se frayer un chemin pour mieux voir. Aujourd’hui, il l’a entendu dire, le Premier ministre doit faire une grande annonce.
Les femmes des groupements, drapées dans leurs uniformes d’apparat, défilent en chantant sous les acclamations. À côté de Mamadou, une vieille dame lève le poing en rythme. Le jeune homme sent monter l’émotion quand le Premier ministre Amadou Oury Bah prend enfin la parole.
« Lorsque j’ai vu les femmes des groupements défiler, je me suis dit qu’elles avaient raison de protester », lance-t-il d'une voix ferme, captant immédiatement l’attention de la foule. Mamadou se hisse sur la pointe des pieds. Le Premier ministre évoque les discussions en cours à Washington avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Puis, il lâche la nouvelle que tout le monde ici attendait : grâce à un crédit de 100 millions de dollars bientôt débloqué, 50 millions seront spécifiquement destinés au soutien des groupements de femmes et de jeunes pour le développement agricole.
Autour de Mamadou, les murmures se transforment en exclamations. « C’est pour nous ! » souffle son voisin. Le Premier ministre poursuit, expliquant que cet argent ne transiterait pas par les services administratifs. Non, il sera confié directement à des institutions de microfinance expérimentées. Un fonds rotatif sera créé, garantissant que l’argent tourne et se renouvelle d’année en année.
Mamadou échange un regard plein d’espoir avec ses amis. Pour eux, qui peinent à obtenir des crédits pour leurs cultures de maïs et de riz, c’est peut-être enfin une chance de changer la donne.
« Ce n’est pas juste une aide ponctuelle », insiste Amadou Oury Bah, « c’est un mécanisme pour construire l’avenir de l’agriculture sur tout le territoire national. »
Alors que le discours s'achève sous les applaudissements, Mamadou serre les poings avec détermination. Cette fois, il en est sûr : l'avenir s’écrit aussi pour les jeunes de Koundara.
Abdoul Chaolis Diallo