Conakry – C’est une décision qui fait trembler tout le secteur minier guinéen. En l’espace d’une semaine, le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a ordonné le retrait de 150 permis miniers à travers le pays. Une opération coup-de-poing saluée par le ministre secrétaire général de la présidence, le général Amara Camara, qui y voit un acte de rupture inédit dans la gestion des ressources du sous-sol guinéen.
« C’est une décision très courageuse et très louable », affirme le général Camara, rencontré ce lundi dans les couloirs du palais présidentiel. « Rarement, on a vu ce type de courage au sommet de l’État. Il fallait le général Mamadi Doumbouya pour trancher ainsi. »
Un assainissement attendu
Depuis des années, des voix s’élèvent pour dénoncer le désordre et les abus dans l’attribution et l’exploitation des permis miniers en Guinée. Pour les autorités actuelles, l’heure n’est plus à la complaisance.
« Tous ces retraits ont été faits dans le respect scrupuleux de la législation minière », insiste le général Camara. Selon lui, chaque permis ciblé a d’abord fait l’objet d’une mise en demeure, suivie d’un processus d’évaluation par la commission nationale des mines.
À l’issue de ce processus, le couperet est tombé : 150 titres miniers invalidés, symboles d’un nouveau cap que le pouvoir veut imposer dans la gouvernance du secteur.
Derrière les chiffres, des familles impactées
Mais cette vague de retraits ne sera pas sans conséquences humaines. Le général Camara le reconnaît : « Derrière ces sociétés, il y a des emplois, des familles, des enfants. »
Les autorités assurent qu’un dispositif d’accompagnement est en cours de mise en place. Des concertations sont engagées avec l’administration minière, les gouvernorats et les ministères sociaux pour tenter de réorienter les travailleurs touchés par cette décision.
« On ne peut pas encore dire avec précision ce qu’il adviendra de chaque emploi perdu, mais des groupes de travail planchent sur la question », rassure le général.
Restaurer la souveraineté économique
Au-delà de l’assainissement, l’ambition affichée est claire : reprendre le contrôle des ressources nationales. Pour le régime de transition, fini les titres dormants, les exploitations illégales ou les arrangements opaques.
« Celui qui exploite illégalement nos terres ne doit pas en profiter. Ce droit doit revenir à la Guinée, et à travers elle, à tous les Guinéens », martèle Camara, visiblement déterminé.
Dans un pays riche en ressources mais encore largement dépendant des recettes minières, cette mesure spectaculaire pourrait bien ouvrir un tournant dans la manière dont le pouvoir conçoit la souveraineté économique.
Amadou Diallo