Dans une scène d'une violence indicible, la sous-préfecture de Doko, à Siguiri, a été le théâtre d'un drame humain qui laisse sans voix. Un homme, victime d’une compression médullaire, s’est infligé l’irréparable en se mutilant gravement les organes génitaux.
L’alerte est donnée tôt dans la matinée de ce vendredi. À 9 heures, Dr Aboudoulaye Bachir Condé, médecin à l’hôpital préfectoral de Siguiri, reçoit un appel d’urgence. Le diagnostic est lourd : un homme, livré à lui-même, a commis un acte d’une rare brutalité sur son propre corps. « Nous l’avons reçu aux urgences en état d’hémorragie. Notre priorité était d’arrêter le saignement. Mais il y avait aussi un globe vésical formé ; il a fallu rechercher l’urètre pour évacuer l’urine », explique-t-il, encore marqué par l’atrocité de la scène.
Les témoignages des proches lèvent un coin du voile sur les circonstances de ce drame. La victime, déjà affaiblie par une blessure à la colonne vertébrale après un éboulement, aurait sombré dans la consommation excessive d’excitants. Ce vendredi-là, alors que le reste de la famille se trouvait à la mosquée, l’homme replonge dans ses habitudes toxiques. Seul à la maison, il bascule dans une folie destructrice. Armé d’un morceau de tôle, il commet l’irréparable dans le potager en construction de son frère.
Un geste de désespoir extrême qui soulève de lourdes interrogations sur la prise en charge psychologique des patients souffrant de traumatismes physiques graves dans nos communautés rurales. La santé mentale, souvent ignorée, se rappelle ici à nous de la plus brutale des manières.
Pour l’heure, la victime est stabilisée. « Il va super bien pour le moment », assure Dr Condé, précisant qu’il sera transféré en urologie pour un suivi spécialisé.
Mais au-delà de cette stabilisation clinique, la véritable urgence reste celle que personne n’ose regarder en face : comment prévenir que la détresse physique ne devienne détresse mentale ? Jusqu’à quand fermerons-nous les yeux sur ces souffrances silencieuses qui, un jour, explosent dans le sang et les larmes ?
Mohamed Traoré