La tension est encore montée d’un cran ce jeudi devant la chambre d’appel de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), où l’affaire Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense nationale, a connu de nouveaux développements. Condamné en première instance pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment d’argent, Mohamed Diané reste au centre d’une bataille juridique intense entre ses avocats et les représentants de l’État.
Au cœur de l’audience, trois requêtes formulées par les avocats de l’État : l’audition des épouses et enfants de l’ancien ministre, soupçonnés d’avoir profité de biens mal acquis ; la convocation des individus ayant revendiqué certains biens saisis ; et enfin, l’expertise de deux propriétés dont la possession est contestée, notamment un immeuble situé à la SIG Madina que Mohamed Diané affirme ne pas détenir.
Le procureur spécial Aly Touré a soutenu ces demandes, estimant qu’elles sont "essentielles pour établir la vérité". Mais la défense, représentée par Me Almamy Samory Traoré, s’y est farouchement opposée. L’avocat a dénoncé une tentative d’"instrumentalisation" de la justice, estimant que l’implication de la famille du prévenu constitue une dérive. Il a également affirmé qu’il appartient aux parties civiles – et non à la cour – de désigner les prête-noms présumés.
Après délibération, le président de la chambre, le juge DayeMara, a tranché : la demande d’audition des membres de la famille est rejetée. En revanche, la cour a ordonné la comparution de plusieurs entités et personnalités, dont les sociétés Diaouné et Frères, SOGEFEL, l’ingénieur FayaTolno, ainsi que le directeur général des Domaines et du cadastre (DOCAD).
L’affaire a été renvoyée au 22 mai prochain pour la poursuite des débats. Un nouveau round très attendu dans ce dossier emblématique de la lutte contre la corruption.
Aziz Camara