Conakry, reportage – Sous un soleil de plomb, la Générale à la retraite M’Mahawa Sylla arpente ruelle après ruelle, carnet à la main, regard scrutateur. Depuis plusieurs jours, la gouverneure de la ville de Conakry sillonne inlassablement les quartiers de la capitale. Objectif : veiller au bon déroulement du Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) et surtout, s'assurer que la gratuité du processus est respectée à la lettre.
Dans le quartier populaire de Matam, elle n’hésite pas à interpeller les chefs de secteurs et les agents recenseurs. « Il y a deux semaines, nous étions dans les 13 communes pour sensibiliser les populations à se faire recenser massivement », rappelle-t-elle à la foule rassemblée sous un auvent poussiéreux. « Aujourd’hui, je suis de retour pour vérifier si les instructions sont bien suivies. Rien ne doit être payé. Le président de la République a été clair : le recensement, l’extrait de naissance, le jugement supplétif… tout est gratuit. »
Accompagnée des présidents des délégations spéciales, la gouverneure ne mâche pas ses mots. Partout où elle passe, elle réitère le message avec fermeté et met en garde les chefs de quartier. « Aucun citoyen ne doit sortir un seul franc pour être recensé, quel que soit le document. Et tout chef de quartier qui s’adonne au racket ou qui le tolère sera sanctionné. Le président de la délégation spéciale est libre de le suspendre, et je validerai la décision. Quand le président parle, c’est pour être exécuté », martèle-t-elle d’un ton sans appel.
La tournée de M’Mahawa Sylla se veut un message fort contre les dérives qui gangrènent souvent les opérations administratives en Guinée. Dans les quartiers, les populations saluent la démarche, même si certains avouent du bout des lèvres avoir déjà été sollicités pour « des frais de dossier ». Un signal que la vigilance doit rester de mise, au moment où l'État entend garantir à chaque citoyen une identité légale sans barrière ni corruption.
Fatimatou Diallo