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Je voudrai remercier le Député Amadou Damaro CAMARA pour son courage et son témoignage dans son livre « coup d’état manqué du Colonel Diarra Traoré – Guinée le 4 juillet 1985 ». Je trouve que c’est un cadeau fait aux jeunes générations et aux Guinéens en général désireux de connaitre leur histoire. La lecture de ce livre réveille en moi certains souvenirs enfouis de mon enfance à Fria de cette période sombre et violente de notre histoire. C’est un pan de notre passé qui continue de diviser les Guinéens. 

En juillet 1985, à cette époque où les Malinkés étaient persécutés et leurs biens détruits et/ou pillés à la suite du fameux coup d’état manqué du Colonel Diarra Traoré, notre habitation familiale à Fria à la Cité des Ingénieurs subissait le même sort. Des travailleurs de l’hôpital FRIGUIA Kimbo (jadis hôpital Pechiney), dont le business de vol et de vente de médicaments avait été entravé par mon père alors médecin chef de l’hôpital, profitèrent de cette situation pour envoyer une foule surexcitée, attaquer notre maison et la vider de son contenu. Mêmes les portes et fenêtres ne furent pas épargnées. J’avais 7 ans à l’époque. Je ne mesurais pas vraiment la portée de ces évènements sur le pays. Nous nous réfugiâmes à la résidence du préfet d’alors, feu Adjibou Thiam. Je précise que mon père est Soussou et c’était des Soussous qui étaient à la base de cette attaque. Nous étions une victime collatérale du fameux « wo fatara » (vous avez bien fait) du Président Conté. Je comprends donc ce que ces Guinéens à cause de leur appartenance ethnique ont dû subir et endurer matériellement, physiquement et psychologiquement.

Depuis notre indépendance, la gestion clanique, ethnique et régionaliste du pouvoir reste notre principale faiblesse et notre principal facteur de division, utilisée à la fois par les élites en quête de pouvoir ou pour conserver le pouvoir et leurs privilèges ainsi que par les puissances extérieures. Notre diversité ethnique et culturelle censée être une force se révèle être un frein à notre unité et à notre développement.

Tous les régimes qui se sont succédé, se sont reposés sur leurs ethnies pour conserver le pouvoir et combattre leurs opposants issus d’autres ethnies. C’est ainsi que pendant la première République, Sékou Touré s’appuya principalement sur les Malinkés. Lansana Conté quant à lui s’appuya sur les Soussous. Et Alpha Condé a reproduit le schéma de la première République et s’est allié aux soussous (ses oncles, comme il les appelle).

Malgré les richesses naturelles du pays et la croissance qu’elle génère, la population guinéenne dans sa majorité reste pauvre. Elle reste la grande perdante de ces divisions alors qu’une certaine élite continue d’attiser le sentiment ethnique pour conserver des privilèges mal acquis. Nous avons vu le rôle des coordinations régionales dans la création des partis politiques ethniques, le recrutement dans l’administration ou encore dans la polarisation du discours politique.

En gardant la population dans l’ignorance de notre histoire commune, l’Etat et les élites cultivent et entretiennent les préférences ethniques et régionalistes. Lorsqu’un fonctionnaire de l’Etat met son allégeance ethnique au-dessus de l’intérêt national et de son devoir, l’Etat cesse d’être le garant de la justice et de l’égalité. Du coup, on se retrouve avec  des mini-états ayant des intérêts divergents entretenant la division.

Nous devons trouver un moyen de nous sortir de ce cycle infernal qui n’honore pas les Guinéens qui sont jaloux et fiers de leur indépendance. Nous devons dépasser les considérations subjectives pour construire une nation solide qui mettra en priorité la compétence, l’intégrité, le respect des valeurs et des droits humains. Notre unité est notre seul salut et c’est le seul chemin qui mènera à la stabilité et la prospérité pour tous.


Le repli identitaire est une tendance naturelle chez l’être humain. Nous sommes attirés avant tout par ce qu’on connait, ce qui nous semble familier. C’est avant tout à l’Etat que revient le rôle de construire la nation en mettant en place et en encourageant des politiques tendant à renforcer celle-ci.

Une telle politique serait d’écrire et lire notre histoire véritable avec nos héroïsmes et nos tragédies afin que le faux, la falsification des faits ne soient plus la référence et que les jeunes générations ne reproduisent pas dans les mêmes erreurs du passé. C’est à travers une histoire commune que nous forgerons une identité nationale commune et un destin commun. C’est ensuite que nous pourrons rendre justice aux victimes, les vraies ; avant de procéder à une véritable réconciliation entre Guinéens. Enfin, l’éducation, à travers l’école, doit être un véritable outil pour remodeler le nouveau citoyen et cristalliser ce sentiment d’apparence nationale.

Nous sommes encore une fois à la croisée des chemins. Il est temps de changer de paradigme pour éviter de compromettre durablement et irrémédiablement notre fragile équilibre.

Abdoul Karim BANGOURA

Ingénieur Télécom – citoyen guinéen