Sous le grand soleil de Mamou, Joachim Baba Millimono affiche un calme à toute épreuve. Présent aux côtés de plusieurs figures du pouvoir actuel — Cellou Baldé, Maladho Diallo, les ministres Ousmane Gaoual Diallo, Moustapha Naité, Alpha Bacar Barry — l'ancien responsable de la communication de l'UFDG refuse de passer inaperçu.
« Je ne suis quand même pas une personne anonyme », glisse-t-il, sourire en coin. « J’ai pas mal d’amis dans la gouvernance actuelle », ajoute-t-il, sans détour. Une réalité qu’il assume pleinement, affirmant avoir su entretenir des liens, hier sous Alpha Condé comme aujourd'hui. « Je mets à profit mes relations pour me repositionner, c’est tout. Mais attention, il ne s’agit pas d’un repositionnement administratif », précise-t-il.
Pour Millimono, l’amitié transcende les clivages partisans : « Certains pensent que l’opposition signifie couper tous les ponts avec ceux qui sont au pouvoir. C’est une lecture erronée. On peut être d'un parti politique et participer à la gouvernance sans trahir ses convictions. »
Mais cet engagement lui vaut aujourd’hui de lourdes menaces. Depuis sa participation à la rédaction d'un mémorandum controversé demandant le départ de Cellou Dalein Diallo de la présidence de l'UFDG, Joachim Millimono vit sous pression.
« Des menaces de mort, j’en reçois régulièrement », confie-t-il en sortant son téléphone, prêt à exhiber les messages anonymes. « Quand on vous dit : "Tu es un homme mort", "On connaît chez toi", ou encore "On va s’occuper de toi", ce ne sont pas des paroles en l'air », assure-t-il, le regard dur.
Pourtant, l’ancien communicant ne compte pas plier. « Je n'ai pas cédé aux menaces d'un régime autoritaire, ce n'est pas aujourd'hui que je vais céder devant une meute manipulée », martèle-t-il avec fermeté. Pour lui, ces intimidations viennent d'« un camp qui a pris en otage le leadership du parti », mais il reste déterminé : « Je ne céderai pas. »
Dans les rues animées de Mamou, entre les effluves de thé chaud et les murmures des badauds, Joachim Millimono trace sa route, seul contre tous, mais résolument debout.
Mamou, envoyé spécial –Abdoul Chaolis Diallo