CONAKRY – L’intérim n’aura été qu’une rampe de lancement. Ce jeudi 8 mai 2025, Sorel Doumbouya a été officiellement confirmé à la présidence de la Fédération Guinéenne de Football (Féguifoot), à l’issue de l’Assemblée générale ordinaire de l’institution tenue dans la capitale guinéenne. Une consécration attendue, presque inévitable, pour celui qui tenait déjà les rênes de la fédération depuis plusieurs mois.
Nommé président par intérim après la révocation de BoubaSampil, Doumbouya a su manœuvrer avec prudence et constance dans un paysage footballistique miné par les crises de gouvernance et les luttes d’influence. Sans faire de vagues, il a imposé son style : discret mais efficace, conciliateur sans être effacé. Un profil qui a visiblement rassuré les acteurs du football national, qui ont entériné ce jeudi ce choix de continuité.
Un homme du sérail
Sorel Doumbouya n’est pas un inconnu dans les cercles du sport guinéen. Ancien joueur amateur, reconverti depuis plusieurs années dans l’administration sportive, il a occupé divers postes au sein de la Féguifoot avant d'en assurer la direction par intérim. Sa connaissance fine des rouages de la maison et sa réputation d’homme intègre ont joué en sa faveur au moment où la fédération cherchait à tourner la page des scandales.
C’est justement cette image de gestionnaire rigoureux, éloigné des intrigues politiques qui gangrènent souvent la Féguifoot, qui a convaincu la majorité des délégués lors de l’Assemblée. Dans une atmosphère apaisée, le vote s’est déroulé sans surprise. Il a transformé un intérimaire prudent en président légitimé.
Un mandat de défis
Mais cette légitimation n’est que le début d’un chemin semé d’embûches. À la tête d’une fédération affaiblie par des années de crise interne, Sorel Doumbouya devra redorer le blason d’une institution souvent décriée, restaurer la confiance des partenaires – notamment celle de la FIFA – et surtout impulser une nouvelle dynamique au football guinéen.
Le nouveau président aura également à cœur de restructurer les championnats locaux, professionnaliser la gestion des clubs, et mieux encadrer les équipes nationales, dont les performances sont régulièrement critiquées faute de stabilité organisationnelle.
« Je suis conscient de la tâche qui m’attend. Mais avec le concours de tous les acteurs, nous allons rebâtir un football guinéen plus fort, plus crédible et plus ambitieux », a déclaré Doumbouya à l’issue de son élection.
Une ère nouvelle ?
Reste à voir si cette promesse d’ère nouvelle survivra aux épreuves du quotidien et aux pressions internes. Car si le style Doumbouya séduit par sa sobriété, la gestion du pouvoir à la Féguifoot reste un exercice périlleux. Dans les mois à venir, sa capacité à fédérer, à réformer en profondeur, et à imposer des règles du jeu plus transparentes sera scrutée de près.
Pour l’heure, l’homme avance à pas mesurés mais sûrs. Et s’il parvient à tenir son cap sans céder aux tentations de l’immobilisme, alors son élection pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire tumultueuse du football guinéen.
Louda Dia