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Sandro Rosell
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 Je ne le répéterai jamais assez : le tribalisme et l’intégrisme religieux ne sont pas des causes structurelles, ce sont les conséquences de la mal-gouvernance. Deux exemples édifiants pour ce qui est du tribalisme, tout au moins : la Côte d’Ivoire et la Somalie ! La Côte d’Ivoire, sous le règne d’Houphouët-Boigny a abrité toutes les ethnies d’Afrique de l’Ouest. Elle n’a connu aucune guerre ethnique. Au contraire, elle a produit la meilleure économie de la région ! La Somalie où, pourtant les citoyens sont d’ethnie somalie à 100%, parlent la même langue somalie à 100% et pratiquent la même religion musulmane à 100% a éclaté en cinq fractions qui tentent désespérément de se rabibocher, du fait de l’extrême inintelligence de ses dirigeants.

Quand le président est bon, tout est bon. Quand il est mauvais, la mère et l’enfant ne se parlent plus, les jumeaux s’étripent, et le miel prend un goût de ricin. Derrière toute crise ethnique, raciale ou religieuse, se cache une manipulation politique. C’est encore plus vrai en Guinée où les dirigeants ne se contentent pas d’être mauvais mais horribles mais puants mais catastrophiques !

Le très bas niveau du débat politique et intellectuel qui sévit dans notre pays fait croire que la Guinée est au bord de l’explosion, que d’un moment à l’autre, nos tribus vont se jeter les unes sur les autres. Il n’en est rien. Car notre histoire est riche et notre société, aussi intelligente que nos dirigeants sont cons. En vérité, le tribalisme n’est pas un problème chez nous, c’est le plus grand de nos faux-problèmes. Jamais de toute son histoire, notre société n’a fonctionné sur une base tribale. Les

Peuls sont membres fondateurs de l’empire du Mali et les Malinkés, membres fondateurs du royaume théocratique du Fouta-Djalon. Dans les années 50, Conakry, Mamou et Macenta étaient les bastions de Sékou Touré ; Kankan et Forécariah, ceux de Barry Diawadou. Aujourd’hui encore malgré l’atmosphère puante héritée de Sékou Touré, Lansana Conté, Dadis Camara, Sékouba Konaté, Alpha Condé et de Mamadi Doumbouya, le tribalisme se circonscrit au niveau de l’Etat, il n’a pas encore atteint le cœur de la société. 

Chez nous, le brassage inter-ethnique est si fort qu’il nous a jusqu’ici sauvés des discours haineux et irresponsables de nos dirigeants. Sékou Touré a déclaré la guerre aux Peuls, il n’y a pas eu de guerre civile. Ismaël Touré a dit que jamais un Forestier ne dirigera la Guinée, il n’y a pas eu de guerre civile. Lansana Conté a dit « Wo Fataara », il n’y a pas eu de guerre civile. Partout ailleurs, le pays aurait brûlé.

Ceci dit, la « tribalisation » de l’Etat est bel et bien là. Vous avez remarqué que dès qu’un individu accède au pouvoir, tous les ministères juteux reviennent aux gens de son ethnie, les autres devant se contenter du menu fretin. Cette mauvaise pratique est devenue si courante qu’elle est devenue une espèce de coutume bien ancrée dans les esprits. Cet état ethnique a une date de naissance : 1967 ; et un auteur : Sékou Touré. J’en sais quelque chose…

L’année scolaire 1964-65, au bâtiment T du lycée de Donka, je m’étais lié d’amitié avec un jeune homme du nom de Boubacar Keïta, dit « Général ». Un jour, au fameux « Terrain Rouge », il m’a indexé un monsieur qui passait dans une voiture : « C’est mon frère, il vient de terminer ses études en Suisse ». Un ou deux ans plus tard, ce frère à la Taunus grise sera mon professeur de philosophie. Il s’appelait Mamadi Keïta. En 1967, muni de son privilège de beau-frère du chef de l’Etat alors qu’aucun statut du PDG ne prévoyait une telle fonction, il est bombardé « secrétaire permanent du Bureau Politique National. C’est la porte d’entrée de Saïdou Keïta, Siaka Touré et consorts !  C’est l’avènement du clan « Angbassanlé » !

Depuis, l’Etat guinéen a cessé d’être une institution pour devenir une petite chose tribale qui ne sait rien gérer d’autre que des affaires de gombo et des histoires de cul.

Tierno Monénembo